Ok, vous pouvez m’appeler zombi. Je boite suite à une foulure faite durant un entraînement de sport et en plus de ça, j’avance à deux à l’heure à cause de la fatigue. Je suis digne d’un monstre de Resident Evil. Fatigué par le
BTS et l’entreprise qui demandent beaucoup de boulot et je suis sans cesse en train de me triturer le cerveau, aussi bien pour du boulot que pour des choses persos.
Ces jours-ci j’ai donc décidé de débrancher mon cerveau, d’essayer de me vider la tête par différentes occupations comme le dessin. Je me laisse aller à ce que je vis, ce que je ressens, je me laisse aller à mes souvenirs. Il y a des choses qui paraissent tellement loin que je me demande si au lieu de les avoir vécues, je ne les ai pas plutôt rêvées. D’autres qui semblent ennuyeuses lorsqu’elles se produisent, mais qui finalement, se transforment en bonnes anecdotes.
Je me suis abandonné à mes pensées et je suis resté focalisé sur un souvenir que je n’ai pas l’habitude de raconter.
J’étais en 4eme, j’allais sur mes 14 ans. Ça faisait plusieurs mois que j’avais des douleurs au ventre et le médecin diagnostiquait ça comme du stress. Un mercredi matin j’étais plus mal que d’habitude, mais je décidai quand même d’aller en cours. Malheureusement mon état empirait et le collège dû appeler ma mère. Médecin, prise de sang, pour, en fin d’après midi, recevoir un coup de téléphone qui me disait que je faisais une crise d’appendicite. De là, direction l’hôpital de Longjumeaux, salle d’attente, rencontre avec un nouveau médecin, remplissage de paperasses, passage de différents examens.
Je me retrouvais dans un lit à l’étage des enfants. Mon voisin de chambre était plus jeune que moi, il devait être en fin de primaire et vu le nombre de jouets qui l’entouraient, il devait souvent être à l’hôpital (Il avait un Furby). Ma mère resta jusqu’en début de soirée avec moi, un autre médecin était passé pour me voir et me dire : « Jusqu’à preuve du contraire, tu as bien l’appendicite ». J’avais vu un paquet de Marlboro dans la poche de sa blouse, et je m’étais fait la remarque qu’un médecin qui fumait était moins crédible. (Oui oui, moi aussi je m’impressionne par la quantité de détails qui me restent en mémoire).
C’était la nuit, je n’arrivais pas à dormir, une infirmière s’en était rendue compte et me proposa alors d’en profiter pour préparer ma perfusion. Au point où j’en étais, je me dis qu’une aiguille de plus ou de moins dans mon corps, ça ne changerait rien. Pourquoi une chose pareille m'est venue à l’esprit ? Elles étaient deux à me triturer la main droite en essayant de trouver une veine pour y glisser l’aiguille, elles s’y reprirent à plusieurs fois, les larmes coulèrent sur mon visage. De retour dans ma chambre, je finis par m’endormir.
Le matin de l’opération, une autre infirmière m’annonça que ma perfusion était mal faite. Elle en créa une autre dans la main gauche. Avec elle se fut plus rapide. On me proposa d’aller prendre une douche. Je me retrouvai dans une salle de bain, qui je pense était faite pour tout le service. Il y avait une immense baignoire sûrement réservée aux handicapés. Dans la douche j’observais mon ventre en me disant que c’était la dernière fois que je le voyais sans cicatrice. Après ça je retournai au lit. Mon père était venu me soutenir moralement en me promettant que tout irait bien. Une nouvelle infirmière vînt pour m’injecter un produit tranquillisant dans les fesses. Le début de l’anesthésie. C’était la première fois de ma vie que je planais. J’étais vraiment bien, calme, serin mais aussi tout mou. Pendant qu’on m’emmena, je dis au revoir à mon père. Le mec qui baladait mon lit me parlait de façon rassurante, mais vous raconter ce qu’il me dit est impossible, sûrement l’anesthésie.
Ça y est, je suis au bloc, il y a pas mal de personnes, impossible de les compter sans lunettes.
On me fait parler en me demandant mon prénom et mon âge puis le noir...
Après un temps indéterminé j’entrouvris les yeux, je savais que j’étais dans la « salle de réveil », j’avais cette pince croco à un mon index gauche qui sert à calculer je ne sais plus quoi. J’étais sans force, et une voix me dit de dormir encore, re-noir.
Quand je repris une seconde fois conscience, on m’emmena dans une autre chambre, mais cette fois à l’étage des adultes. J’étais toujours à moitié dans les vapes, l’infirmier qui poussait mon lit, me souleva pour me mettre dans celui qu’il y avait dans la chambre. Ma mère et ma grand-mère étaient présentes. J’essayais d’articuler des mots autant que mes forces me le permettaient. Je pris conscience que je n’étais pas le seul patient dans la chambre. J’appris par la suite qu’il s’appelait Benoît et qu’à l’époque il devait avoir 24, 25 ans. J’avais vite sympathisé avec lui, on rigolait beaucoup ensemble, enfin, j’essayais, car lorsqu’on vient de se faire opérer de l’appendicite on a horriblement mal au ventre quand on rigole. Je me souviens, les infirmières disaient que notre chambre c'était le club med. Et puis grâce à lui j’avais la télé gratuitement puisqu’il l’avait loué et qu’il me laissait zapper un peu comme je voulais. Même qu’une nuit je regardais la télé dans le noir pendant qu’il dormait et je puis découvrir les joies de « chasse et pêche ».
Benoît me raconta son histoire. Pour lui c’était plus grave puisqu’il avait passer un cran au dessus l’appendicite : la péritonite. Il me retraça son aventure comme un film : il était seul chez lui, plié en deux, en essayant d’appeler les secours entre deux cris de douleur.
Pendant ce temps, j’étais une loque, c’était quasi impossible pour moi de me tenir assis et encore moins debout. Les toilettes ? Pas vraiment besoin d’y aller, on me nourrissait au tuyau.
Un jour on m'apporta un verre d'eau et des biscottes pour me ré-habituer à manger.
Je peux manger ?
On va voir, me répondit l'infirmière, si tu vomis, la réponse sera non.
Un chance sur deux. Je n'ai pas vraiment envie de vomir.
Tu fais comme tu le sens.
Seul devant se paquet de biscottes. Ok, bon, si je les mange tout doucement ça devrait passer. Oh my god, se fut les meilleurs biscottes de ma vie. Je les ai mangé tout doucement tout en les appréciant. Seul les gens qui n'ont pas mangé durant plusieurs jours peuvent me comprendre. Finalement, je remarchai assez vite. Un jour, Benoît me demanda de l'accompagner à l'accueil pour régler des papiers administratifs. Grande expédition, imaginez-nous en train de déambuler dans l'hôpital en traînant l'espèce de porte manteau qui sert à accrocher la perfusion. Arrivé à l'accueil l'infirmière demande des renseignements à Benoît, et chose incroyable, je comprends alors qu'il habite dans la rue à côté de chez ma grand mère (sachant que je ne suis pas très loin de ma grand mère). Le monde est vraiment petit.
Après ça, tout est rentré dans l'ordre : je marchais, mangeais normalement, mes proches venaient régulièrement me voir et je recevais des coups de fil de tout le monde. Ça faisait plaisir de voir qu'on s'inquiétait pour moi.
Puis je dûs partir. Benoît restait un peu plus longtemps que moi. Je ne l'ai jamais revu, ma grand mère m'a dit qu'elle avait discuté avec lui en le croisant par hasard dans la rue. Avant de partir, j'ai fait un dessin de ma chambre d'hôpital, je crois que je l'ai toujours, il faudrait que je fouille dans mes affaires pour le retrouver.
Je suis resté une semaine à l'hôpital, même si ça m'a semblé être une éternité. La semaine suivante, ma classe faisait une sotie au Futuroscope. Je ne pouvais pas y aller, mais qu'importe, cette expérience m'a grandi et encore aujourd'hui j'en ai des - bons - souvenirs pleins la tête.
c drole comme nos expériences a l'hopital peuvent etre pénibles, mais a la fois enrichissante dune certaine facon. Ce faire privé de son bien être physique, de la nourriture et de son chez soi, nous fait prendre conscience à quel point notre vie est belle en fin de compte ! Bel article Linkou ;)!